PlaceholderLES TAS D’INNOCENCES DE MONSIEUR C.

LES TAS D’INNOCENCES DE MONSIEUR C.

LES TAS D’INNOCENCES DE MONSIEUR C.

Gérard Collin-Thiébaut

 

Ami, où que tu sois, de grâce n’en reste pas là!

Tu dois passer d’une lumière à une autre lumière

Angelus Silesius

 

Raoul Ordinaire1, Victor Considérant2, Roland De Lassus, Jérôme Conscience, Balthazar de Beaujoyeulx3, Angelus Silesius4 qu’ont-ils en commun tous ces noms, sinon qu’ils ont à voir quelque part avec les arts et la science, qu’ils sont francomtois, sauf trois, Balthazar de Beaujoyeulx, lui, a écrit un ballet pour le Duché de Lorraine d’où je viens, Angelus Silesius passa, tout comme moi, un moment de sa vie en Alsace, quant à Roland De Lassus il faudra attendre le quatrième paragraphe. Alors les rassembler pourquoi ? parce que leurs noms, en nous déjà résonnent, même sans savoir ce qu’ils font, et une fois entendus, ne finissent pas de vibrer même sans en être les bienvenus ; cela pour aussi vous démontrer qu’une telle sonorité marque profondément son porteur, même s’il en est inconscient, ou railleur, imprimant malgré lui sa destinée. Croisons d’ailleurs Jérôme Conscience, ce Gilles5 de Watteau ordinaire, silencieux mais présent comme un Pierrot lunaire6, et nous en serons convaincus. Mais avant, ne croyez-vous pas à la force de cette résonance quotidienne des noms et prénoms, martelant la personnalité de chacun comme de la sienne, semblable aux carrossiers de chez Aston Martin modelant amoureusement leur machine ? L’exemple qui suit7 persuadera, car il ne s’agit de celui du violon d’Ingres, mais de la famille Petipa, ça ne s’invente pas, danseurs de père en fils, et plus précisément de Marius8 qui révolutionna le ballet russe du théâtre Kirov de Saint-Petersbourg, chorégraphe travaillant tour à tour avec Tchaïkovski et Glazounov, il imposa à travers la pantomime, la danse systématique sur les pointes, pour La Belle au bois dormant, Cendrillon, Les Saisons, Roxane ou la Belle monténegrine9. Ensuite, poussant plus loin le pas, pour sa fille Maria, par les talons et les pointes, la danse il réinventa.

 

Comment l’innocence de Monsieur C. déroute nos conventions

Revenons à présent à notre jeune artiste, avec ses variations sur l’ordre musical des lettres, et ses hauteurs de ton, bien que votre serviteur ne soit que polygraphe. À première vue ses phrases, avoisinant les oracles de La Palisse, nous rendent dubitatifs, et nous agacent, puis déformées par de légers déplacements homophoniques, ou une syllabation imposée par des couleurs agissant comme une loupe, la majesté du lieu commun se révèle alors être un agent pernicieux qui découple. Très vite ses maux avec les nôtres jouent à cache-cache, car derrière la platitude de l’interdit débordent les fesses rondes du vice sans fin, du coup les épellations varient, elles nous enrhument, nous voilà pris, on éternue, la vue se brouille, les mots se dédoublent, Né nu phare devient nez nu phare. Double entente, double sonorité, que de bruit, le rhume ne serait donc pas de cerveau, mais des foins!10 Qu’importe, nous voilà bien pris et résignés, avec ce nez qui coule, alors que dans ce pire moment l’on rêve d’être seul, prononçant maux on entend beau, et le miracle se produit, c’est dire comme les mots ont leurs remèdes, et les tableaux leur effet de Lourdes ; car laissant pointer les beaux siens – les mots de Conscience bien sûr – comme l’essaim d’une jolie brune – celui de Marie Cola, c’est sûr –, aussitôt nos nez (ceux des bouches) arrêtent de couler, plus jamais ne reniflent ; et voilà ces mots tus transformés en beaux motets. Tout de suite c’est l’été sous le soleil, même à Meaux, avec ses bris de mots, il fait beau, on s’oublie, on se dénude, on est guéri, on ressent le parfum d’une rose rouge ouverte (rose rouge ou verte), tout le monde s’aime (ta calèche est rose), on se joue du genre (elle diverge), chacun acceptant la nudité et le caractère de l’autre (les chattes se lèchent), ici les minces sont rois, là, les graisses glorifiées (corsage), du même coup les distances se rétrécissent, la Seine-et-Marne rejoint la Seine-Maritime, où les beaux varient, et comme dirait Flaubert avec sa double entente des mots, on se laisse dire et nous voilà «parlé»11 (Elle ne disait que des mensonges faux).

 

Quand les cultures physiques de Monsieur C. dévoile notre univers

Par la couleur dans ses épellations, l’artiste souligne les mécanismes autonomes envahisseurs ; derrière les mots s’en cachent d’autres, et encore d’autres, dans un mouvement sans repos, et bien que ceci ne soit pas tout neuf, c’est quand même une drôle d’histoire, qui change tout, car sans être médicinaux, les doubles sens, tels des points chauds d’acupuncture nous révèlent les pistes de nos pensées les plus intimes enfouies dans le magma sombre de notre monde intérieur en perpétuelle expansion. Le langage serait donc pareil au cosmos, plat mais source inépuisable d’énergie, alimentant notre petite planète ronde en mouvement, qu’est la personnalité affichée de chacun, par où l’on se doit pour chat l’ange de rester nets comme Marion, de s’adonner aux cultures physiques au risque de perdre et la forme et son âme (A ta place j’aurais honte d’être toi) ; car nous ne sommes que les conséquences du métabolisme de notre galaxie (Quelle heureuse déception). De Démocrite12 à René Descartes13, de Descartes à Bernhard Bolzano14, de Bolzano à Niels Bohr15, etc., etc., tout est entre nos mains, grâce à l’art avec ses limites fatales, qui nous ouvre les yeux et nous débarrasse des conventions, à commencer par celles du langage (Elle aime les langues). Il suffit d’un décalage innocent à la manière d’un Henri Rousseau, le Douanier16, pour que non seulement Jérôme Conscience brise les reins de nos certitudes, mais également mine celles du front tiède de l’art contemporain, car c’est comme si l’on faisait la popote en première ligne, ou l’on montait à l’assaut dans les cuisines, cela bien sûr déroute, et nous montre à un autre degré comment les Américains en Irak, auraient pu mieux faire, sans leurs bombes et leurs biroutes. Et, selon les points de vue, appliquant cependant les principes de symétrie de la nature, pour prendre les devants par derrière, nous voilà mis à nu par ce Pierrot lunaire de Jérôme Conscience, nous laissant faire au clair de sa lune, et lui empruntant même sa plume pour écrire nos maux. Ou, en termes de botanique car c’est encore la nature, pour bien me faire comprendre, je dirais que ses interventions agissent comme des pneumatophores, faisant respirer nos racines ; ou encore m’adressant à sa région, que cet artiste se promène dans les arts, tel un horloger comtois, remontant nos ressorts, pour diminuer nos forces perdues à n’être qu’en représentation, dans cette ronde du temps tragi-comique, pareils aux personnages d’une horloge astronomique. Voilà donc ce pèlerin-chérubinique, nous soufflant de toujours faire le tour pour trouver une ouverture17 ; se jouant du genre comme Rosa Bonheur18, un autre nom qui sonne, féministe avant l’heure, qui porta pantalon toute sa vie, retenue hélas pour avoir peint des percherons.
Alors Monsieur Conscience, peintre réaliste bousculeur de conventions à la manière de son compatriote Gustave Courbet, bien que méticuleux comme un peintre naïf?19 ou Douanier Roussel, mixte d’un Douanier Rousseau et d’un Raymond Roussel20, genre de conceptuel à effet simple, douanier devenu inconscient passeur, passeur d’inconscient. De là probablement sa volonté d’amplifier nos mots tus pour percer l’isolation phonique de nos façades20. En effet l’artiste nous amène bien plus loin qu’il n’y paraît, en digne francomtois descendant de Charles Quint, il souligne ainsi les revers de la belle langue française, par où tout se fige et se solidifie, s’attachant à tout ce qui se voit plutôt qu’à ce qui se pense, visant la forme et non la substance, et c’est bien cela que Jérôme Conscience nous livre. Il n’y a guère que la langue allemande avec ses dialectes pour faire chercher le verbe derrière les mots, d’où cet art français devenu art déco, et non d’écho, quand il n’est pas réfléchi.

 

Comment par l’innocence de Monsieur C., nous accédons au paradis du sens, par une porte étroite de derrière

Le sens qui est le plus grossier après l’attouchement est le goût, lequel a pour organe les nerfs de la langue et des autres parties qui lui sont voisines, et pour objet les petites parties des corps terrestres, lorsque étant séparées les unes des autres, elles nagent dans la salive qui humecte le dedans de la bouche : car, selon qu’elles sont différentes en figure, en grosseur, ou en mouvement, elles agitent diversement les extrémités de ces nerfs, et par leur moyen font sentir à l’âme toutes sortes de goûts différents.21

Grâce à la déraison poétique de Jérôme Conscience appliquant par intuition les principes de symétrie de la nature, d’un seul coup, d’un seul, la philosophie cette jolie blonde, vient de se faire prendre dans le dos, culbutée par les mots cloisonnés de limogeages intempestifs (Sceau d’eau mis à Scion). Il fera de même avec son exposition de Chalon. Coup d’oeil sur le lieu : au centre un lit ovale en satin blanc, aux draps grenat, au fond à gauche la photo de Marie, la jolie brune, et sur la droite trois bustes féminins blancs sur des tabourets, on y reviendra tout à l’heure, et tout autour des tableaux qui murmurent ; on pourrait entendre alors, léger comme une chansonnette : « Viens petite brunette tu vas m’aider à semer l’avoine …», il faudra évidemment en retourner le sens pour voir combien ce liedchen inoffensif du Mois de mai, de Roland De Lassus22, nous rappelle nos déterminants. Revenons à la partie de l’exposition la plus sybilline, ces trois bustes de femme en plâtre, qui sont un des éléments d’une pièce plus vaste dont j’aimerais vous entretenir. À l’origine on trouve un buste de plâtre blanc et son tabouret noir placé sur un grand miroir recouvrant le sol, à ses côtés une potence servant en principe à accrocher un squelette d’étude, ici, la potence est vide et repeinte en blanc. Le miroir non seulement laisse voir le dessous des choses, mais rend ces bustes féminins plus fixes et lourdauds, accentuant du même coup l’agilité d’un pantin ou d’un squelette qu’on imagine accroché à la potence. Retournons maintenant observer la grande photographie de Marie, la jeune femme semble tirée vers le haut par les bras, dans une chapelle même désaffectée cela s’appelle une assomption. Serait elle alors cette Marie, fille et mère de Dieu, ni brune ni blonde, venue nous aider à retrouver le paradis ? J’entends chuchoter :
– Impossible d’y entrer, ce lieu nous est interdit !
– Si, si, derrière se trouve une petite porte !

Et oui ! qu’est-ce que l’Assomption par rapport à l’Ascension, sinon accéder au Paradis par derrière. C’est ici, à force de tâtonner, qu’à la vue de MARIONNETTE23, se fit la révélation, sans prière c’est net : les différentes poses photographiques de Marie, faussement aériennes ou libérées, la potence pour pantin, tout nous renvoie au magnifique texte de Heinrich von Kleist : Sur le théâtre des marionnettes24, et Jérôme Conscience serait le Monsieur C…, premier danseur à l’opéra, tiens! tiens! Derechef, toujours par effet de miroir, ou par Vérification par l’antipode dirait Raymond Roussel, ce qui n’avait aucune conscience en acquiert une infinie, parce que tout le monde retourne à son point de départ, et de même que Monsieur C., l’artiste révélerait des avantages négatifs, nous invitant «à manger une fois encore du fruit de l’arbre de la Connaissance, pour retomber dans l’état d’innocence, comme dernier chapitre de l’histoire du monde»24; car semblable à l’univers, aujourd’hui comme hier, où tout est bien fini et n’a pas même de bord.

 

Quand Monsieur C. prend la vie d’artiste25 comme modèle

Il reste à chacun à employer sa vie. En ce qui concerne l’artiste, dans sa marche en avant balayant toute résignation, où son triomphe du sens passe obligatoirement par celui des sens, il aura affaire à trois femmes enchanteresses en une seule, qu’il faudra reproduire indéfiniment, comme le souffle l’exposition de Jérôme Conscience, avec les trois bustes sur tabourets, ou les trois Marie sur les cimaises ; Marie carrée (Carrey): la réalité, Marie Cola : l’idéal physique, Marie au net : l’idéal intellectuel. Elles sont ses muses, et bien qu’il aime la vie, dans sa terrible solitude, il lui faudra construire des Marie honnêtes avec de la ficelle et du papier ; elles deviendront ses meilleures amies ; mignonnettes, quoique floues, car ni vierges, ni mariées, elles n’auront pas le poids de la vie. Voilà pourquoi les artistes sont nos sages, et pareils à leurs oeuvres, n’ont pas d’âge, ils nous permettent de côtoyer dans le même temps Wilhelm von Kleist Sur le théâtre des marionnettes (1810), Jacques Offenbach dans Les Contes d’Hoffmann (1880), Marcel Duchamp avec Étant donnés… 1° la chute d’eau, 2° le gaz d’éclairage (1946-1966), Christophe par sa chanson Les Marionnettes (1970) ; il y en a d’autres, à vous de les trouver. Attention à ne pas confondre entre artistes ceux qui le sont et artistes ceux qui se le disent. Cher jeune artiste, ayez conscience de votre statut, ne vous pressez point, ne brûlez pas les étapes en allumant les feux de la rampe, pour vous retrouver pompier à éteindre les feux de votre révolte ; comme cet autre Francomtois, Jean Léon Gérôme26, prêt à se réincarner par homophonie, né à Vesoul, tombé heureusement dans l’oubli. Il peignit en 1846-47 «la Sortie du bal masqué ou le Duel de Pierrot», un titre qui peut vous intéresser. Peintre académiste, professeur à l’École des beaux-arts de Paris en 1864, il signera, en compagnie de Bonnat, Meissonier, Bouguereau, la fameuse pétition contre l’érection de la tour Eiffel, «une tour vertigineusement ridicule». On voit aujourd’hui où se trouve le vertigineusement ridicule, bien qu’à sa décharge, il conseillât aussi le Douanier Rousseau. Comme quoi les choses sont beaucoup plus compliquées qu’elles nous paraissent, quand tout est louche c’est que tout se touche, car : les artistes sont une grand’ famille, va-nu-pieds du grand chemin, ceux qu’on nomme les sans-patrie, et qui vont traînant leur boulet d’incompréhension tout’ la vie, ceux qu’on envie mais dont on médit sans pitié, ceux avec qui on s’photographie, puis on évite, quand trop vite la grand’route ils ont quittée27. Que l’on me pardonne l’emprunt abusif d’un poème à un gâs qu’a mal tourné ; c’est un hommage à ce grand bonhomme de Gaston Couté28, un nouveau nom qui sonne, poète à la langue parlée, disparu à l’âge de trente et un ans, agitateur anarchiste, il mit ses poèmes en chanson pour les faire entendre.

En fin pour retourner au point de départ, mais par derrière, c’est obligé, un épigramme détourné d’Angelus Silesius :

Ami, cela suffit ;

si tu veux lire davantage,

va, deviens toi-même l’écriture,

deviens toi-même les sens.29

 

 

1. Raoul Ordinaire compositeur francomtois du XIXe, pianiste, il composa énormément, (dont la légende, L’École buissonnière, Marche funèbre), écrivait des articles dans Le Petit Comtois, il ne sut ou ne put s’acclimater à Paris, mourut en 1893, il ressemblait par son physique à Raymond Roussel.

2. Victor Considérant (1808 Salins, Jura – 1893 Paris), philosophe et économiste, polytechnicien, il abandonna la carrière militaire (1831) pour se consacrer entièrement à l’enseignement de la pensée de Fourier. Il dirigera la Phalange (1832, 1834-1844), publiera Destinées sociales, etc. Député en 1848, il fut exilé sous Napoléon III.

3. Baldassarino di Belgioioso dit Balthazar de Beaujoyeulx (déb. du XVIe s. – 1587), danseur et maître de ballet, il fit à la cour de France une belle et longue carrière. Violoniste il est l’auteur du célèbre Balet comique de la reyne (représenté dans la grande salle du Palais Bourbon le 15 octobre 1581), premier ballet de cour où se conjuguent les influences du goût italien et l’humanisme lettré des poètes de la Pléiade.

4. Angelus Silesius : La rose et sans pourquoi. Angelus Silesius (Johannes Scheffler, baptisé Angelus Silesius) est l’auteur du fameux Pèlerin chérubinique chef-d’oeuvre de la littérature allemande du XVII e siècle. Médecin de profession après des études de philosophie et de médecine à Strasbourg, à Leyde et à Padoue, la fréquentation du cercle littéraire et spirituel de son ami Franckenberg le met en conflit avec le luthérianisme, il se convertit au catholicisme, se mettant au service de la contre-réforme. Le premier des six livres du Pèlerin chérubinique est composé de trois cent-deux épigrammes écrits en quatre jours en 1650, il avait alors vingt-six ans, l’âge de Jérôme Conscience.

5. Le Gilles de Watteau inspira de nombreux artistes, le cinéaste Marcel Carné pour Les Enfants du Paradis, Picasso, Le Douanier Rousseau. Pierrot se disait autrefois Gilles.

6. Le Pierrot lunaire opus 21, 1912, Arnold Schoenberg (Vienne 1883 – Los angeles 1951). Il s’agit de vingt et un m é lodram e s pour voix de récitant cinq instruments, courtes pièces qui se regroupent en trois parties de cinq mélodrames chacune. Pour ce qui nous intéresse ici, en l’occurrence la voix, cette oeuvre faisait appel à un nouceau moyen d’expression : le Sprechgesang, dont il disait : «aucun poème n’est destiné à être chanté , …. ils doivent être parlés sans hauteurs de son fixes», pour aller plus loin ou définitivement se débarrasser de toute tentation ou envie de chanter, il prescrit un peu plus tard le Sprechtimme (voix parlée).

7. J’aurais pu prendre celui également de Nicolas Petitpied (1665-1747), théologien français, professeur d’Écriture sainte, qui perdit son poste en raison de ses positions jansénistes. Il publia entre autres Histoire du cas de conscience (1705-1711), c’est moi qui surligne. On me rétorquera que c’était autrefois, eh! bien les exemples de Marie-Claude Pietragalla, de Galotta pour la danse contemporaine, suffiront à vous convaincre.

8. Marius Petipa (1822-1910), chorégraphe né à Marseille, débuta à Bruxelles et se produisit peu après à Nantes où il composa ses premières chorégraphies. Invité par le théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, en qualité de premier danseur (1847), il succéda à J. Perrot dans l’emploi de maître de ballet (1859). Il est à l’origine de la révolution qu’allaient opérer les Ballets russes de Serge de Diaghilev.

9. La Belle au bois dormant (1890) Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840 Votkinsk – Saint-Pétersbourg 1893) Cendrillon (1893) Gioacchino Antonio Rossini (1792 Pesaro – Paris 1868), Les Saisons (1900) Alexandre Constantinovitch Glazounov (Saint-Pétersboug 1865 – Paris 1936)

10. Faire du foin : faire du bruit

11. On est parlé in Victor Brombert «Flaubert» Collection microcosme Seuil «écrivain de toujours»

12. Démocrite. Philosophe (Abdère (Thrace) en 460 av. J.-C., mort vers 350 av. J.-C.), ami d’Hippocrate de Cos, aurait vécu à Athènes sans rencontrer Socrate. Pour lui l’Être serait constitué d’une infinité de particules éternelles, identiques, indivisibles, ayant forme, étendue et solidité, et se mouvant dans le vide infini ce sont les atomes. L’union ou la séparation des atomes entraîne la naissance ou la disparition de corps particuliers ; rien ne se fait de rien. Les attractions ou les répulsions des atomes entre eux, compte tenu de l’intensité du mouvement qui les entraîne, constituent la loi cosmique, qui peut s’énoncer ainsi : Le semblable attire et perçoit le semblable. La morale de Démocrite aura une grande influence sur celle d’Épicure. On raconte qu’il se serait crevé les yeux, afin de mieux se retirer dans ses pensées. (in Seghers Dictionnaire illustré des philosophes, 1962).

13. René Descartes. Philosophe et savant français (La Haye, Touraine, 1596 – Stockholm, 1650), trop long à détailler, voir les Principes philosophiques, 1644, dédiés à Élisabeth de Bohême avec qui il correspondait, voir également Les Passions de l’âme, 1649.

14. Bernhard Bolzano. Mathématicien, logicien et philosophe tchèque d’origine italienne (Prague 1781 – 1848) Précurseur de la théorie des ensembles par ses travaux sur la notion d’infini, critique de l’idéalisme post-kantien, il opposa une conception scientifique de la philosophie. Il fut un des fondateur de la logique pure, systématique comme base de l’épistémologie. Son ouvrage Théorie de la connaissance, 1837 exerça une profonde influence sur Husserl. (Le Robert Dictionnaire de noms propres). Refusant de tenir compte de leurs aspects psychologiques, son but fut de considérer les propositions comme des choses en-soi, et de n’étudier que leur valeur profonde, indépendamment de celui qui les pose. (Wissenschaftslehre, 1837).

15. Niels Bohr. Physicien danois (Copenhague 1885 – 1962), prix Nobel de physique 1922. Faisant appel à la théorie des quanta (v. Planck), il donna en 1913 une représentation électronique planétaire de l’atome basée sur deux postulats (états stationnaires quantifiés et loi des fréquences de Bohr). En 1916 il améliora sa théorie en énonçant le «principe de correspondance» ; en 1927 il y introduisit le principe «de complémentarité» selon lequel le corpuscule et l’onde sont deux aspects complémentaires de la réalité. On lui doit encore le modèle nucléaire de la «goutte liquide». (Le Robert Dictionnaire de noms propres).

16. Henri Rousseau dit le Douanier (Laval 1844-Paris 1910) fait ses débuts dans l’art en 1885 avec un premier envoi au Salon des Refusés, quoique certaines de ses oeuvres soient antérieures de quelques années la Bataille de Champigny 1882, décalquée d’après une gravure parue dans le Monde illustré. À sa retraite en 1893, afin d’augmenter sa maigre pension, il devient tour à tour peintre d’enseignes, professeur de diction, de solfège et de peinture.

17. Le Paradis est verrouillé, et le Chérubin à nos trousses ; il nous faudrait donc faire le tour du monde pour voir s’il n’est peut-être pas rouvert par derrière. Heinrich von Kleist.

18. Rosa Bonheur (1822-1899), peintre réaliste animalier, attachée à montrer l’animal de ferme, à célébrer la splendeur animale, elle était très avancée dans ses idées politiques, à l’égal de ses contemporains Courbet et Millet. Élevée par son père dans l’idéal du socialisme saint-simonien, elle n’hésitera pas à braver les conventions en portant des costumes masculins, elle fit une demande à la police de «permission de travestissement»l’autorisant à paraître en public vêtue en homme pour fréquenter librement pour ses études, les marchés aux chevaux traditionnellement réservés aux hommes. Elle hésita entre une carrière de peintre et une carrière de sculpteur, exécutant d’abord des sculptures d’animaux.

19. Ne nous hâtons pas dans la classification, surtout que la connotation négative de naïf peut très vite se développer dans les esprits les plus ignorants, alors que l’artiste naïf a toujours directement été relié au bel ouvrage d’autrefois, de l’ex-voto au coq de clocher, de l’imagerie populaire à l’étalage d’un boucher, puisqu’il nous livre spontanément l’instinct esthétique du monde populaire qui l’entoure, répondant à un besoin profondément social. Leur matériau aujourd’hui, le langage, dans un monde où l’effet d’annonce remplaçe l’objet lui-même, (voir l’emploi systématique du jeu de mots dans tous les titres de journaux, du quotidien à l’hebdomadaire, de L’Est Républicain à Libération, de Téléstar à Télérama).

20. Il s’agit ici de Raymond Roussel, l’écrivain, homme de théâtre, poète, inventeur «de l’utilisation du vide à la non-déperdition de la chaleur pour tout ce qui concerne l’habitation et la locomotion», brevets publiés le 18 mars 1924, du 1 janvier 1925.

21. Du goût* dans les Principes des choses matérielles de la philosophie de René Descartes, cent quatre-vingt-douzième principe.

22. Roland de Lassus (1532? à Mons -1594), musicien le plus célèbre de son temps, qui déjà vers 1560 jouait avec les lettres de son nom, enfant de choeur, sa voix le fait remarquer à ce point que, par trois fois, il est victime d’enlèvement. La troisième fois son ravisseur le traîne en Sicile, puis à Milan, où il achève ses études musicales. Outre ses compositions religieuses, il s’adonne à la composition de chant de langue populaire, il se montre hanté par la poursuite du jeu de mots où sont convoqués l’allemand, l’italien, le français et le latin. Il meurt le 14 juin 1594 emporté par sa melancholia hypochondriaca.

23. Dans le catalogue avant cette (Marionnette) Marie au net ou Marie honnête, se trouve une Marie floue.

24. Bernd Heinrich Wilhelm von Kleist (1777 Francfort-sur-l’Oder- 1811 Berlin) le plus grand auteur tragique de la littérature allemande, issu de l’aristocratie prussienne, il commence une carrière militaire, puis abandonne pour l’université. Pour lui tout ce qui ressemble à une certitude rationnelle n’est qu’un confort illusoire de l’âme. Sur le théâtre des marionnettes, 1810 illustre cette conviction, c’est la conscience qui est responsable du divorce avec l’état de nature, l’humanité est condamnée aux tortures et aux gestes inutiles. Il se suicidera sur les bords du lac Wannsee, près de Berlin, avec Adolfine Vogel, jeune femme atteinte d’une maladie incurable, six mois après l’avoir rencontrée.

25. Vie d’artiste (Künstlerleben), valse opus 316 de Johann Strauss fils (1825-1899).

26. Jean Léon Gérôme (1824 Vesoul, Haute-Saône – 1904) peintre et sculpteur français, il se fit connaître par son Combat de coqs, au Salon de 1847 (Luxembourg), obtint une deuxième médaille au Salon de 1848 avec deux oeuvres la vierge, l’enfant Jésus et saint Jean et son pendant Anacréon, Bacchus et l’Amour. Au salon de 1847, il exposa sept tableaux dont, pour ce qui nous intéresse, la Sortie du bal masqué ou le Duel de Pierrot.

27.Sur la Grande route.                              Ceux qu’on nomme les sans-patrie          Ceux dont on médit sans pitié

    Nous sommes les crève-de-faim              Et qui vont traînant leur boulet                Et que sans connaître on redoute

    Les va-nu-pieds du grand chemin           D’infortunes toute la vie,                         Sur la grand’route.

28.Gaston Couté. (23 09 1880 Beaugency – 28 06 1911 Paris) Poète, à ses chansons révoltées, les bourgeois de l’époque préférèrent celles plus calmes de Béranger ; je ne peux que conseiller d’écouter (les poèmes de Gaston Couté chanté par Gérard Pierron et Marc Robine, existe en CD, EPM, distribué par Mélodie). Première strophe du poème qui a inspiré les phrases du texte ci-dessus.

29. Ami, cela suffit ; si tu veux lire davantage, va, deviens toi-même l’écriture, deviens toi-même l’essence. Angelus Silesius, Livre VI, 263.